Les clés pour ne pas sombrer

À chaque début d’accompagnement, il est important de poser le cadre, pour que chacun, client et coach, se sente respecté, entendu dans sa demande et ses limites.

Même si mon client sait à quoi s’attendre dans la majorité des cas, il est parfois surpris quand je lui explique que je le questionnerai sur son histoire personnelle et familiale.

Je vais lui poser des questions sur ce qui, a priori, semble n’avoir aucun lien avec une remise en question professionnelle : je vais lui demander ce que font ou faisaient ses parents, quel était leur rapport au travail, leur choix d’études initial, si le projet était réfléchi ou non, pleinement consenti, ou non.

Les « échecs », « réussites » scolaires et professionnelles, les revirement éventuels des parents, de la fratrie, représentent une précieuse source d’information.

 

Il peut être souvent très éclairant de remonter plus loin encore dans la généalogie.

 

Caricaturalement (et, souvent, la réalité n’est pas si éloignée de la caricature), une famille ouvrière depuis des générations, qui s’est battue pour avoir un niveau de vie décent, pourra par exemple induire le message à sa descendance, qu’il s’agit d’être loyal et d’honorer les aînés qui ont trimé : de sortir de sa condition en faisant de « grandes études ». Mais contre toute attente, l’enfant choisira peut-être, néanmoins, des études manuelles pour perpétuer la lignée… par loyauté inconsciente.

Un « fils de bonne famille », qui a toujours été pressenti pour aller à l’université (même si celle-ci s’est heureusement démocratisée), pourra, par désir d’émancipation, décider de suivre une formation manuelle. Tout comme il pourra, ayant introjecté parfaitement les normes et valeurs familiales, s’inscrire à l’université.

 

Il n’est évidemment pas question de porter un jugement de valeur sur les choix de chacun. Il s’agit d’amener à la conscience que nous ne sommes jamais imperméables aux projections parentales. Il est fréquent que le parent projette son propre héritage, ce dont il est familier, ce qu’il croit bon et juste, sur son enfant.

En cabinet, on ne va ni prendre dans son entier, ni rejeter d’un bloc ce message qui est remonté à la conscience par la voie du questionnement ou de l’hypnose. S’il résonne avec qui on est, on peut continuer sur ce chemin. S’il n’est plus utile, on peut, découvrant que ses choix n’étaient pas si personnels qu’on le pensait, rejeter précipitamment cet héritage pour se défaire de liens parfois oppressants.

Le danger est de se jeter trop hâtivement dans une (ré)orientation de type réactionnel (c’est à dire en réaction à …, « contre » quelque chose, et non « vers » autre chose).

 

Il faut du temps, quand on a levé le voile sur ce qui se jouait avant même qu’on soit au monde. C’est seulement quand cela a été vu, et compris, que la personne peut se positionner en observatrice de ce processus, et se demander si c’est encore juste pour elle.

 

C’est un leurre de penser que nous sommes libres et indépendants. Dès notre premier souffle, nous sommes déjà modelés par ce, et ceux, qui nous entoure(nt). C’est notre condition d’humain que d’exister et de se définir dans le rapport à l’autre, que ce soit dans le rejet ou dans l’imitation. Le voir, le reconnaître, puis l’accepter, c’est jouer le jeu de la vie en son âme et conscience, en prenant la pleine responsabilité de ses choix… se réconcilier avec son passé, pour le restant de sa vie.

A bientôt, ici ou ailleurs 🙂

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