La sensibilité est un sujet qui revient sans arrêt dans mes conversations avec mes clients. On se dit trop sensible, on se pense inadapté au monde, on craint de ne pas trouver sa place dans un contexte considéré comme trop dur, violent, inhumain.

Et si la sensibilité était un cadeau, qu’on ne l’était en réalité jamais « trop » ? Si elle était le témoin de notre part d’humanité et que la perdre, serait finalement se conformer, se diluer, se dissoudre dans un système apparemment conçu pour écraser les « dits » faibles, gommer les aspérités et broyer les différences ? Et si ce système, d’ailleurs, avait pour effet secondaire bénéfique de nous obliger à opérer ce retour à soi ?

Mon avis est que le système nerveux est la part physique, charnelle, de cette sensibilité. Nous pouvons prendre soin de cet aspect-là, en nous ménageant, en menant une vie qui respecte notre seuil de tolérance personnel. Nous pouvons être plus vigilants et limiter les stimuli négatifs, la télévision, les mauvaises nouvelles, les personnes toxiques, tout ce qui favorise la « mauvaise » excitabilité. Nous pouvons favoriser ce qui nous fait du bien : cultiver les moments de grâce où le temps semble suspendu, prendre soin de son sommeil, manger ce qui est bon au goût et bon pour nous, bouger… les recettes habituelles, mais qu’on ne met pas en application parce que la routine nous contraint à être dans la réactivité.

 

Si vous n’aviez plus à vous soucier de votre sécurité matérielle, si vous étiez détaché du stress de tous les jours, quelles seraient les premières actions concrètes que vous auriez envie de mettre en place pour vous faire du bien ? Si vous étiez téléporté dans un environnement où tout est là en abondance, quelle serait votre première intention pour vous-même ? L’idée qui vous vient est la bonne, elle vous indique vos besoins primordiaux. Cela peut être d’abord le corps par le mouvement, le sommeil, la nourriture, ou bien l’intellect, le mental, par des lectures enrichissantes, la relaxation, ou enfin l’âme, par la méditation ou tout autre technique qui vous reconnecte à l’essentiel.

Ce processus n’a pas pour but de « guérir de sa sensibilité », mais plutôt d’apprendre à la connaître, de savoir où elle se loge, de l’apprivoiser, pour reprendre sa pleine responsabilité sans blâmer sans arrêt le système (économique, politique, social) et les autres.

 

La sensibilité, ou ce que nous pensons être de l’hyper sensibilité, est souvent considérée comme négative car elle nous fait souffrir. Or, tout comme les émotions dont elles sont l’expression visible, elle peut s’avérer être un formidable outil de repérage de l’endroit qui demande de l’attention. Mais surtout, elle nous indique que notre rapport au monde doit être réajusté: en prenant nos distances face à ce qui est néfaste, en nous rapprochant de ce qu’il peut nous apporter de bénéfique.

 

Nous pouvons toujours choisir là où porter notre attention. Nous pouvons toujours nous frayer un chemin entre ce qui nous tue et nous transcende. Nous pouvons toujours choisir de cultiver une saine sensibilité, même si elle n’est pas toujours confortable à vivre…

Car c’est elle qui nous raconte que nous sommes en Vie.

 

A bientôt, ici ou ailleurs 🙂

 

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