Aujourd’hui, je te parle de mon burnout.
Il m’est difficile de me souvenir de cet épisode de ma vie, car il est constitué de plusieurs étapes que je ne parviens pas à remettre dans le bon ordre. J’ai l’impression d’avoir occulté certains aspects et d’avoir même rêvé par moments.
« En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte. »
Herbert J. Freudenberger
Le burnout est multifactoriel. Voici, froidement énumérées, ses principales causes :
En ce qui me concerne, manquant de confiance en moi, étant d’un tempérament anxieux mais aussi idéaliste, j’ai toujours eu besoin de comprendre le sens de ce que je fais. Des changements de cap récurrents et des objectifs trop flous pour moi. Un contexte de stress, et des tâches à la fois répétitives et dont je ne comprenais pas toujours l’intérêt. Autant d’éléments qui ont eu raison de mon équilibre. C’était en 2010.
J’ai buggé. J’ai pleuré en contemplant mon écran d’ordinateur, sans plus comprendre ce que j’étais supposée faire, pour quoi, pour qui. Black out. Je n’ai pu que signaler à mes collègues que je m’en allais, prise en étau entre la culpabilité et le soulagement.
Un médecin très carré m’a permis de mettre des mots sur ce qui m’est arrivé. Me voyant en doute quant à la nécessité de prendre du temps pour moi (j’avais vraiment du mal à comprendre son “regardez les nuages passer, Madame, c’est tout”), il a ajouté qu’il ne voulait pas me voir entre 4 planches de bois. Cette phrase violente a été nécessaire. J’aurais pu rester dans le déni, retourner beaucoup trop rapidement travailler et chuter bien plus douloureusement.
J’ai eu un burnout relativement modéré par rapport à ce que j’ai déjà pu entendre dans l’intimité de mon cabinet. Je ne sais plus au juste combien de temps je suis restée “en maladie”. Quelques mois après, j’ai repris mon emploi à temps partiel. Les 5 années qui ont suivi, je n’ai plus jamais pu travailler à temps plein et j’ai développé d’autres signes alarmants…
Un jour, j’ai perdu temporairement la vue de la moitié droite de mon champ de vision, l’usage de mon bras droit et la mobilité de ma jambe droite.
J’utilisais un mot pour un autre, morte de panique d’entendre une absurdité sortir de ma bouche alors que j’étais convaincue de dire le mot juste. On n’a jamais su si c’était un AVC ou une aura migraineuse.
Le burnout est un processus très complexe, et plus on résiste, plus c’est compliqué de prendre le large et plus la convalescence est longue. J’ai beaucoup appris de moi à travers cette épreuve et je considère aujourd’hui mon burnout comme … une bénédiction. J’ai appris à m’écouter, à mettre mes limites, à comprendre mes besoins et mon mode de fonctionnement d’introvertie sensible.
Et j’ai trouvé ma voie 🙂
Vous avez envie d’aller plus loin? Je vous partage quelques clés pour ne pas sombrer dans un autre article.