Avez-vous parfois cette sensation que malgré les prises de conscience, le travail sur soi, les apparents dénouements, la fatigue s’installe ? Il nous reste encore tant à faire. Avez-vous remarqué comme, quand un déclic se produit, quand on a l’impression d’avoir fait un bond en avant, la montagne qui s’érige devant nous semble plus infranchissable encore?
Si on transpose cela dans la vie de tous les jours, cela commencerait comme : ok, j’ai compris comment fonctionnent mes relations aux autres, je sais dans quels pièges je ne veux plus retomber, je comprends le rôle que j’y ai joué et dont je ne veux plus. Ok, je comprends comment mettre mes limites au boulot, je sais ce que je ne suis plus prêt(e) à faire, et je commence même à savoir ce dont j’ai vraiment envie.
Ok, j’ai réussi à me défaire de cette addiction (alcool, cigarette, relation toxique etc), j’ai surmonté cette épreuve et compris ce qui s’est joué ici et je n’y replongerai plus.
Et après… après le ouf de soulagement, après la libération, très vite, on attend presque la suite. Qu’est ce que la vie va encore nous réserver ? En attendant, on retient sa respiration. Une victoire frustrante donc, car de courte durée…
J’aspire à un nouvel amour, je le cherche, je veux combler le manque si vite revenu.
Je vais chercher un nouvel emploi, je me prépare un planning de warrior, j’endosse mon armure et je pars au combat.
J’ai enfin réussi à me sevrer, je serre déjà les dents à l’idée de toutes les tentations qui vont survenir.
Et si… et si cette course contre nous-même, ce jeu du mental qui nous pousse sans cesse à nous dépasser, était juste une façon de nous sentir vivant ? Pour nous faire prendre conscience de nos capacités et de nos immenses ressources. Et si la finalité n’était QUE celle-là, et que tous ces objectifs, ces petites et grandes victoires, n’étaient que des prétextes ?
Du coup, entre les épreuves, on pourrait envisager les choses différemment. Et alors, plus de place pour la crispation, l’attente de ce qui risque de surgir ensuite… juste une respiration. Un espace de vide bienvenu. Si nous parvenions à ne plus chercher à le remplir. A laisser de côté, pour un instant, cette course effrénée vers la meilleure version de nous-mêmes. Et si « être » suffisait, au-delà du « faire », toujours plus, encore mieux ?
Quelle immense détente que de juste se poser, respirer, sans objectifs à poursuivre, sans défi à relever, sans quête de perfection. Cette perfection est déjà là: elle réside dans ce hiatus. Quand il n’y a rien d’autre que vous, en paix, sans autre nécessité que d’Etre.
Alors oui, redémarrera bien vite la ronde des envies, des frustrations, des besoins, des désirs, le cycle infini des petits et grands malheurs, des petites et grandes joies. Ce qui fait le sel ou l’amertume de notre humanité. Plutôt que de craindre ou d’aspirer à ce qui vient, et si nous revenions à ce qui est juste là ?
A bientôt, ici ou ailleurs !