Tout-à-l’heure, j’ai décidé de mettre la chaise longue ailleurs que d’habitude – dans l’herbe plutôt que sur la terrasse. Je profitais des rayons du soleil en plein visage, tout en bénéficiant d’un point de vue différent sur le jardin et le paysage alentours. Je redécouvrais autrement ce que la nature avait à offrir en ce mois de mai enfin gratifié d’un peu de chaleur…

 

Quand on vit son quotidien, on est souvent très rassuré par sa routine. Le rythme effréné de nos journées ne laissant que peu de place à l’inédit, à l’imprévu, on pense avoir intérêt à avoir une feuille de route précise… sinon on craint de se retrouver vite submergé à l’idée de ne pas pouvoir faire tout ce qu’on a à faire.

Un grain de sable dans les rouages et c’est la panique.

 

Le danger, quand on vit une vie au carré, c’est de ne pas laisser de place aux arrondis, aux louvoiements, aux approximations. Qu’est-ce qui nous fait si peur dans cette incertitude de ne pas pouvoir tout contrôler ? Que nous renvoie cette idée de nécessaire perfection ? Pourquoi devoir absolument être dans la performance, être efficace ?

 

Et si la créativité pouvait justement émerger dans ces espaces de doute ? Contrôler, planifier, anticiper, sont à mes yeux les symptômes d’une même maladie : celle d’une époque où tout est sensé être prévisible, rationnel, sans danger.

 

La réalité nous montre chaque jour, parfois avec violence, que c’est impossible. Même si nous nous fixons avec détermination des objectifs enthousiasmants, stimulants, le chemin n’est jamais tout droit. Il est semé d’embûches, envahi de broussailles, tortueux, caillouteux. Aujourd’hui, plus que jamais, tout est incertain, rien n’est garanti.

 

Et si nous changions notre point de vue ? Et si le chemin avait autant de prix que la destination ? Et si prendre des voies alternatives, en se laissant surprendre, en restant souples, réceptifs à ce qui survient, pouvait nous enrichir encore davantage ?

 

Et c’est alors que, étrangement, notre objectif s’en trouve changé. Au fur et à mesure de nos ajustements continuels, nous nous rendons compte de nos capacités à nous dépasser. Du coup, notre but devient encore plus beau, plus noble, plus élevé.

Parce que, en incarnant toutes nos difficultés, et donc toutes nos nouvelles expériences, il nous montre ce dont nous sommes capables .. et cela, nous n’aurions pas pu le soupçonner un seul instant si nous étions restés les yeux rivés sur notre plan de route.

A bientôt, ici ou ailleurs !

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