Un de mes films préférés, c’est « Eternal sunshine of the spotless mind » de Michel Gondry (titre splendide et intraduisible, mais ça donnerait quelque chose du genre : Le rayonnement éternel de l’esprit immaculé). L’histoire d’un amour qui finit mal, et d’une machine qui permet d’effacer les souvenirs pour ne plus souffrir.
Imaginez que vous poussez sur un bouton qui fait disparaitre, au moins temporairement, le passé. Vous naissez à vous même aujourd’hui, sans votre histoire, votre bagage émotionnel, vos « échecs ». Vous êtes une page blanche où tout peut être inventé, vous pouvez vous recréer.
Sans vous censurer, avec la curiosité, la naïveté et l’appétit de vie d’un enfant, comment vous voyez-vous, et que voulez-vous devenir ? Là maintenant, si vous pouvez faire une trêve de vos souvenirs, que rêvez-vous secrètement pour vous-même ? Sans ce sentiment d’incapacité, d’incompétence, d’invalidité ? Sans la lourdeur du passé ? La plus grande version de vous, qu’est-ce qu’elle souhaite pour vous ?
Aujourd’hui, une jeune fille m’a parlé pendant 50 minutes d’un projet professionnel, sans passion, comme une leçon bien apprise. C’était juste sa tête qui s’exprimait.
C’était la raison, seulement la raison, qui guidait son discours, qui restait donc bien… raisonnable.
Dans ces moments-là, je m’emploie à ne pas laisser transparaître ce que je perçois de la personne mais j’attends que ça vienne d’elle. C’est souvent rapidement le cas. Ça n’a pas loupé… 5 minutes avant la fin, elle a parlé de son attirance pour le domaine artistique, tout en évacuant cette idée aussitôt.
« Je ne suis pas créative » « Je ne sais pas dessiner » « C’est pas sérieux ».
Tout une série de croyances limitantes qui l’ont poussée à se voir petite et à s’invalider. Depuis le début de notre rencontre, je voyais le potentiel de cette jeune femme, qui avait mis sa lumière en sourdine… Quand on a évoqué que c’était possible, ou en tout cas, à envisager, tout son visage s’est illuminé. Jusqu’alors, cette idée ne faisait pas partie de sa réalité. Il a suffit de l’autoriser à la nommer pour qu’elle existe et qu’elle soit rendue possible.
La première étape d’une reconnexion à soi, c’est d’accepter de se voir autrement, avec les yeux d’un enfant émerveillé. Tout est possible quand le passé n’existe plus, au moins temporairement. Dans cet espace de vide, l’espace est grand ouvert. Il sera toujours temps de revenir au principe de réalité plus tard, de passer à l’action en alliant intelligemment passion et prudence, mais la flamme ainsi rallumée permettra en tout cas de ne pas avoir de regrets…
A bientôt, ici ou ailleurs !
How happy is the blameless Vestal’s lot!
The world forgetting, by the world forgot.
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each pray’r accepted, and each wish resign’d…
Que le sort de l’irréprochable vestale est heureux !
Le monde oubliant, par le monde oubliée ;
Éclat éternel de l’esprit immaculé !
Chaque prière exaucée, et chaque souhait décliné