Confinement

J’en ai vu fleurir quelques-uns sur les réseaux sociaux, j’ai eu envie de vous partager mon journal de confinement. J’y mélange réalité et fiction, puisque je me projette déjà dans “l’après” 😉

Jour 1

Je reçois la nouvelle avec incrédulité, voire un peu de scepticisme. Après quelques mesures soft, j’apprends qu’à partir de ce soir, minuit, les restos et cafés ferment jusque début avril. Qu’à cela ne tienne, je vais me faire un dernier repas avec mon amie (après coup, je trouverai ça pas très malin). Le restaurant est complet mais pas bondé. Nous nous disons au revoir en riant sur le parking, en se touchant coudes et semelles de chaussures.

Jour 4

Lundi. La première ministre Sophie Wilmès annonce un confinement plus “radical” et je commence à consulter frénétiquement les chiffres pour mesurer l’ampleur de la catastrophe qui s’annonce. Je suis mono-maniaque des infos. Le père de mon fils, qui me le dépose pour la semaine: “tu vas voir, après l’Italie, c’est nous”.

Jour 5

Je ressens une douce euphorie. J’en ai un peu honte. Je dors mieux. Comme beaucoup de mes clients semble-t-il. Tout me semble prendre une place plus juste. Il fait beau, j’enlève les mauvaises herbes avec application, dans un état presque méditatif. Mes enfants jouent tous ensemble, deux ados et un encore petit. C’est si rare. Je suis super détendue.

Jour 7

J’ai oublié d’aller au contrôle technique hier, mais je suppose que c’était fermé de toute façon. Je vais moins sur les sites d’info mais je m’abreuve encore plus que d’habitude de contenus sur les réseaux sociaux. Je trouve les gens très créatifs, voire prolifiques. je suis un peu complexée, je me sens paralysée. J’organise mon agenda au mieux, avec les séances à distance et mes enfants à gérer. Je pense aux parents avec des enfants plus jeunes, je pense aux gens qui bossent pour nous, je pense aux soignants. Je pense à ceux qui s’en fichent. je pense à mes proches. Nous écrivons une lettre à mes parents.

Jour 9

C’est le week-end mais ça n’a plus d’importance. Je dors un peu moins bien. L’impression d’être inutile, un peu désoeuvrée. Je pensais faire du sport, il y a tant de contenu sur internet, tellement de propositions de choses à faire… mais rien n’y fait, pas de motivation. Nous sommes partis pour un long moment encore. Mon sentiment actuel, vaguement angoissée.

Jour 11

Aucune projection possible de mon activité pro. C’est la confusion partout, le climat économique s’affole. De toute façon je ne m’ennuie pas, nous nous sommes lancés dans le rangement et le nettoyage de ma chambre de ma fille de 16 ans, c’est parti pour deux jours au moins. J’ai envie de me lancer aussi dans le tri des placards de ma cuisine. Cela me donne l’impression de reprendre le contrôle. C’est fou comme on a du mal avec l’incertitude dans nos vies si réglées.

Jour 13

J’ai investi 3000 euros dans du coaching pour moi, en ce début d’année. La personne qui m’accompagne est parfaite pour traverser cette période. Je veux continuer à progresser. Mais j’aurais bien eu besoin de ces sous-là maintenant. Et puis, si j’avais fait des études d’infirmière (comme j’ai failli le faire), où en serais-je aujourd’hui ? Est-ce que ça n’aurait pas eu plus de sens ? Et si c’était mon ego qui voulait être héroïque ?

Jour 15

Je me sens très “bobo en confinement”. Très autocentrée. Et le monde de dehors, les chiffres ? Les malades, les morts ? Les cohabitations forcées compliqués avec risque de burnout parental et/ou violence conjugale ? Je suis privilégiée. Mais avoir honte de cela, n’est pas non plus très aidant…

Jour 17

J’ai un flash. Et si j’étais une infirmière du monde du travail, une accoucheuse d’un nouveau monde ? Pas très humble… Mais j’ai l’impression que toute ma vie m’a préparée à ce qui se passe. Je me raccroche à cette pensée positive qui me fait du bien. En attendant on a des devoirs à faire ici… Et une liste de courses à préparer.

Jour 21

Les débats des gens qui s’improvisent spécialistes en économie, en géopolitique et en virologie m’exaspèrent. Je suis intolérante. Mais moi qui veux me tenir éloignée de la négativité, des critiques, du jugement, je fais exactement pareil.

Jour 23

Je commence à changer d’état interne. J’arrête de penser, de faire, d’anticiper. Au fond, je me rends compte que personne ne sait rien. Plus rien n’est prévisible. Je me sens réceptive, créative. De nouvelles idées fleurissent, je les note sans chercher à les concrétiser. Je verrai bien. Je lambine au jardin – je mesure ma chance. Les jours se font de plus en plus doux.

Jour 28

Je me suis habituée à mon nouveau rythme. Ma vie de famille s’organise au mieux un jour après l’autre. C’est comme si j’avais appris de l’intérieur, ce que c’est que le “vrai” lâcher-prise. J’ai l’impression qu’on passe d’un monde prévisible très (trop) cadré à un monde d’opportunités nouvelles et surprenantes.

Jour 35

J’ai beaucoup lu. J’ai repris le dessin (toujours pas le sport). Je câline mes enfants. Je les écoute pour de vrai. J’ai tellement fini par saturer des réseaux sociaux que je fais un régime sec de maximum 1 heure par jour. Cependant, je remarque que les gens y sont tous bien plus calmes eux aussi. On poste moins, moins de blagues, moins de polémiques. Nous faisons bloc, tous, pour que cette phase de confinement s’arrête au plus vite, et la courbe de cas a d’ailleurs fortement diminué.

Jour 57

Ca y est. Nous pouvons sortir. Respirer. Enfin. Nous avons tous le sentiment que nous ne serons plus jamais les mêmes. Quelque chose a changé, en nous, et autour de nous. Nous n’avons plus envie de vivre comme avant. Du tout. L’envie de nous ruer dans les grandes enseignes déshumanisées n’est pas présente. Nous n’avons plus besoin de partir au bout du monde pour échapper à nous-mêmes. En effet, nous avons réalisé à quel point nous étions enfermés avant. Nous savons aujourd’hui que notre paix et notre liberté ne dépendent que de nous, et non plus d’institutions, ou de conditions extérieures. Nous découvrons avec émerveillement que nous sommes à la barre. C’est nous qui décidons. La grande transition est en marche. Elle l’était déjà dès le premier jour. Je regarde le ciel, je contemple le monde. 
Je me sens renaître comme lui.

Ma vision de ce qui se passe

Le burnout que vous avez peut-être d’abord vécu intimement, dans votre chair, est maintenant survenu à un niveau planétaire. Vous étiez des précurseurs !
Nous vivons à présent un RESET généralisé et c’était inévitable.Nous sommes devant une page blanche, à nous d’y écrire tout ce que nous voulons voir advenir. Vous avez certainement lu quantité d’opinions sur le sens de ce qui se passe, sur les réseaux sociaux. Ecoutez ce que votre coeur vous souffle, c’est toujours lui qui a la réponse !

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