Depuis quelques temps déjà, j’entends bruisser des murmures, qui se font de plus en plus insistants, l’air de ne pas y toucher, sur deux questions qui me tiennent particulièrement à cœur.

 

Le burnout : j’entends de la bouche des participants aux groupes de parole que j’organise, des propos tels que :

  • on me dit de me bouger, de prendre sur moi, que je n’ai pas à me plaindre, j’ai un job, une maison, tout va bien ;
  • je n’oserais jamais dire à mon patron que je suis en burnout : dommage que je n’aie pas une jambe cassée, au moins ça, ça se voit ;
  • le burnout c’est vraiment le sujet « tarte à la crème », on ne parle que de ça, j’ai l’impression que c’est à la mode et ça me gêne ;
  • mon patron me dit que c’est une dépression, pas un burnout. C’est à cause des tensions que je vis à la maison. Il est compréhensif, au moins.

Les « Hauts-Potentiels » : là aussi, les idées reçues vont bon train :

  • Les HP, c’est vraiment le sujet « tarte à la crème », on ne parle que de ça, j’ai l’impression que c’est à la mode et ça me gêne (oui, vous avez bien lu, phrase identique à ci-dessus, j’ai juste remplacé les termes « burnout » par « HP ») ;
  • Quelle honte, si je suis HP : je vais devoir tout réussir haut la main sinon je ne serai pas « digne » ;
  • Les parents qui pensent que leurs enfants sont HP, ils n’ont vraiment rien trouvé d’autre pour excuser la mauvaise éducation de leurs enfants ?
  • J’ai pas envie d’être « plus » que les autres. Je trouve ça une étiquette prétentieuse. Comment pourrais-je l’être, moi à qui on dit toujours que je suis bizarre ?

 

Le temps est à l’orage, permettez-moi de donner mon avis – tranché – sur la question.

Oui, le burnout et les HP sont des sujets très actuels.

Je vous invite à lire le livre « Global Burnout » de Pascal Chabot. Le burnout est considéré par l’auteur comme une maladie de civilisation. Le burnout est le symptôme d’une crise de sens. Est-ce vraiment surprenant, quand on voit tous les jours les aberrations de notre fonctionnement social ?

Sur la question des HP, il est vrai que l’adjectif « haut » induit directement un déséquilibre, comme si le HP était « plus que » les autres, qui se sentent alors nécessairement amoindris, donc menacés, … et en deviennent critiques et parfois même agressifs. Le haut potentiel n’est pas « plus » ou « moins ». Son fonctionnement est différent. Peut-être y en a-t-il plus qu’avant, peut-être simplement sont-ils aujourd’hui plus souvent diagnostiqués. En tout les cas, ils apportent un autre regard sur le monde en le questionnant, et en ne prenant rien pour acquis.

Je ne peux pas m’empêcher de faire le lien entre les deux : je remarque qu’un certain nombre de HP sont en burnout, précisément parce qu’ils sont particulièrement sensibles à la question du sens et à l’absurdité de certaines obligations et structures en place, que ce soit au niveau des codes sociaux, de l’enseignement, du monde de l’entreprise, de l’hyperconsommation, etc.

 

Pourquoi juger ? Je serais curieuse de savoir pourquoi tant de virulence. Peut-être est-ce effrayant de se rendre compte de l’ampleur de l’illusion. De se dire que finalement, ni le confort matériel, ni l’apparente sécurité, ni une vie familiale traditionnelle ne suffisent aujourd’hui à rendre profondément heureux… et que c’est abyssal de voir nos précieuses croyances ainsi bousculées. C’est toute notre identité qui est remise en cause.

Et si être diagnostiqué en burnout, et/ou HP, était utile pour la personne qui souffre ? Et si cela la rassurait, de porter cela comme un étendard, pour enfin trouver un endroit, un moment, d’autres personnes, avec qui en parler ? Et surtout, et si c’était la première étape pour enfin s’autoriser à être différent, à proposer autre chose, pour que cela génère de l’inédit et du beau, non seulement pour soi-même, mais pour la société toute entière, qui en a cruellement besoin ?

 

A bientôt, ici ou ailleurs !

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